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De nouveau indicateurs pour une vision plus humaine de la performance

30 novembre 2020

La valeur ajoutée créée par les travailleurs étant de plus en plus intangible, la mesure de la performance s’avère délicate.

A l’ère de l’économie de la connaissance, le monde du travail a connu de profondes mutations : un glissement des tâches standardisées vers des tâches complexes, du travail individuel et segmenté vers le mode projet, des compétences immuables à l’apprentissage en continu… La valeur ajoutée créée par les travailleurs étant de plus en plus intangible, la mesure de la performance s’avère délicate.

 « Les indicateurs que les entreprises utilisaient traditionnellement pour appréhender la productivité sont obsolètes :  le nombre d’articles fabriqués, la vitesse de production, le volume d’heures passées au poste de travail... Ils fonctionnaient dans une logique quantitativiste et industrielle et échouent à capter toute la création de valeur des travailleurs de la connaissance. » explique Flore Pradere, Directrice Recherche Entreprises chez JLL.

Quels seront les indicateurs de performance de demain ? Comment capter le rôle des bureaux dans l’atteinte du plein potentiel des salariés ? 

L’émergence de nouveaux indicateurs

Aujourd’hui, les entreprises se concentrent sur des indicateurs simples comme l’engagement ou la satisfaction pour évaluer la performance de leurs salariés. « Cette approche est pertinente pour sonder le moral des troupes, mais elle ne livre qu’une partie du diagnostic, sans guider les employeurs sur les leviers d’amélioration à actionner ! Les entreprises doivent comprendre comment les bureaux répondent aux besoins des collaborateurs et les poussent à donner le meilleur d’eux-même » affirme Camille Rinieri, consultante Recherche Entreprises chez JLL.

Les entreprises vont devoir élaborer de nouvelles métriques de performance. Il s’agira bien-sûr de mesurer les contributions individuelles de chacun mais aussi la valeur ajoutée du travail d’équipe, de la co-construction, de l’innovation collaborative… Loin de se concentrer uniquement sur la production, elles devront intégrer des indicateurs plus humains, liés aux soft skills, au sentiment d’appartenance, à l’autonomie…

JLL a créé un indicateur unique, le Human Performance Indicator, qui permet de s’assurer que les salariés disposent de toutes les conditions requises pour atteindre le plus haut niveau de performance. Cet indicateur repose sur 28 questions et captent les enjeux liés aux espaces, aux technologies et à la culture des entreprises.

La santé et le bien-être, des sujets qui demandent d’être monitorés

Si la santé et le bien-être des salariés faisaient déjà partie des préoccupations des entreprises, aujourd’hui ces sujets sont plus brûlants encore dans un contexte de crise ! Au-delà des indicateurs de santé (prise de température, taux de renouvellement d’air), les indicateurs de performance de demain seront résolument plus humains : le niveau de confort des salariés, l’étendue des services offerts et le taux de satisfaction... FitBit a par exemple déjà équipé ses salariés de montres connectées afin de suivre leur activité physique ou leur sommeil !

« A l’heure où le télétravail se démocratise, d’autres métriques vont devoir voir le jour pour s’assurer que le bien-être individuel et la cohésion d’équipe sont au beau fixe dans les bureaux comme à distance. Il faudra imaginer des indicateurs capables de capter le niveau d’interactions, l’ambiance communautaire, le degré d’empowerment digital ou la capacité à déconnecter ! » ajoute Flore Pradère.

Vers une expérience sur-mesure

La performance est étroitement liée à l’engagement des salariés. Dès lors, les entreprises doivent tout mettre en œuvre pour que leurs collaborateurs se sentent fiers d’appartenir au groupe, uniques et privilégiés. Pour cela, elles doivent offrir une expérience de travail sur-mesure.

« Les entreprises pourraient s’inspirer des méthodes de profiling, très répandues dans le monde publicitaire, où le public cible est mieux compris et donc mieux servi. « Transposé dans nos environnements de travail, il s’agirait de décrypter les préférences de chacun pour leur offrir une expérience personnalisée. » explique Camille Rinieri.  Imaginez votre poste de travail qui s’ajuste en fonction de vos critères de prédilection (éclairage, ventilation, température, hauteur du siège), votre capuccino préféré servi automatiquement à la machine à café, l’ascenseur qui vous amène au bon étage quand vous montez dedans ! 

Bien sûr, une approche de profiling peut paraitre intrusive et soulever certaines inquiétudes concernant le respect de la vie privée. Elle requerra à n’en pas douter des garde fous, ainsi qu’une conduite du changement appuyée. Il faudra démontrer aux salariés ce qu’ils ont à y gagner : une compréhension plus fine de leurs habitudes de travail et de leurs workstyles, au service d’un environnement de travail plus diversifié et plus à l’écoute des besoins de chacun.

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