Confinement, réconcilier salariés et entreprises avec le télétravail

Depuis l’annonce du confinement le 16 mars nos vies sont bouleversées : cours à distance, fermeture des commerces non essentiels, généralisation du télétravail et recours massif au chômage partiel. Selon le Ministère du Travail, 8 millions d’emplois du secteur privé sont compatibles avec le travail à distance et pour l’immense majorité c’est une première ! Si la généralisation du home-office est une occasion de briser les préjugés sur cette pratique et d’asseoir son adoption, de nombreuses questions planent pour les entreprises : comment permettre aux salariés de rester productifs dans un environnement familier ? Comment assurer une collaboration efficace à distance alors que leurs collaborateurs n’ont jamais expérimenté les outils ? Comment préserver la cohésion avec des acteurs dispersés ?

Travailler en dehors des locaux de son entreprise ne veut pas forcément dire que les collaborateurs ne sont pas productifs. Interrogés sur leur satisfaction vis-à-vis de leurs bureaux habituels, 51% des salariés désignent comme prioritaire la capacité à se concentrer et seuls 32% considèrent que leurs bureaux leur permettent de travailler vraiment efficacement^[1]. “Le home-office se révèle être une parfaite occasion d’avancer sur son travail personnel et de réaliser des tâches qui demandent de la concentration. Voyons le bon côté de la distance, elle permet à chacun de se focaliser sur ses missions et de prendre le recul nécessaire pour avancer sur du travail de fond” explique Rémi Calvayrac, Head of Workplace & Design chez JLL France.

Sans accompagnement, le risque du télétravail prolongé est de voir des salariés s’isoler et l’esprit d’équipe se déliter.  Pour 1 salarié sur 3 le bureau doit être un lieu de communauté et d'entretien de la culture d'entreprise^[2]. Comment assurer ce rôle lorsque l'espace de travail est dématérialisé et que les salariés ne se croisent plus au sein des mêmes murs ? Aujourd’hui, de nombreux outils de communication existent pour collaborer à distance. Si on s’intéresse aux app’ les plus téléchargées durant la première semaine de confinement, 8 sur 10 sont destinées à garder le contact, jouer à distance et même collaborer de façon virtuelle – on peut citer Skype, Teams, Zoom ou encore WhatsApp’^[3]. “Les entreprises doivent réinventer les modalités de travail collaboratif (réunions, brainstorms, échanges etc.) en s’appuyant sur les outils digitaux” préconise Rémi Calvayrac. Bon nombre d’initiatives naissent aussi côté salariés, pour préserver les échanges informels et la spontanéité : cours de sport en visio, afterworks sur Skype...

Si ces premiers constats semblent encourageants, n’oublions pas que toutes les conditions ne sont actuellement pas remplies pour un home-office parfaitement efficace.  Tout d’abord, parce que les salariés n’ont actuellement pas la possibilité de panacher travail au bureau et en home-office. “Pour mesurer la valeur ajoutée du travail à distance, il faut que les salariés puissent avoir des moments de socialisation au bureau et de concentration chez eux” alerte Rémi Calvayrac. Les travailleurs en sont bien conscients :  pour 58%^[2] d’entre eux, le bureau doit rester un lieu de travail collaboratif, d’échanges et de partage. De plus, le home-office se fait souvent en mode dégradé. Se concentrer est extrêmement difficile en cette période, bon nombre de salariés devant jongler entre vie professionnelle et vie privée, télétravail et école à la maison. Enfin, l’expérience de travail à distance est souvent compliquée car peu anticipée : poste de travail non ergonomique, outils digitaux peu adaptés, connexion internet saturée...

• [1] Etude JLL, Human Experience, 2017
• [2] Etude JLL, Travail Liquide, 2017
• [3] PrioriData, téléchargements entre le 16 et le 22 mars sur l’App’ Store