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Télétravail : le
charme des débuts
n’opère plus

Une enquête conduite par JLL en mars 2021 auprès de 3 300 travailleurs de bureau dans le monde révèle un véritable essoufflement du travail distant.

Un an après le début de la pandémie, la lassitude commence à avoir raison du télétravail à haute fréquence.

Une enquête conduite par JLL en mars 2021 auprès de 3 300 travailleurs de bureau dans le monde révèle un véritable essoufflement du travail distant. Dans l’ensemble, les salariés souhaitent conserver une certaine flexibilité dans le choix de leurs horaires et de leurs lieux de travail, mais ils sont de plus en plus nombreux à montrer des signes de fatigue du home-office : un tiers des salariés ne souhaitent plus du tout télétravailler post-crise. En France, alors que les salariés sont contraints de travailler à distance 2,3 jours par semaine aujourd’hui, à terme ils se positionnent sur 1,9 jour de télétravail hebdomadaire – soit près d’une demi-journée de moins que ce qu’ils pratiquent actuellement.

« Il semblerait que 2 jours de télétravail soit le nouvel optimum. L’étude démontre que les salariés qui travaillent plus de deux jours par semaine à distance tendent à être moins engagés et plus anxieux vis-à-vis de l’avenir. » explique Flore Pradere, Directrice Recherche & Prospective Bureaux chez JLL

La performance à distance s’érode également. Si 43% des salariés en France ont le sentiment d’être plus productifs chez eux qu’au bureau aujourd’hui, ils étaient 52% il y a un an lors du premier confinement.

 

Travail hybride, un équilibre à trouver

Face à ces évolutions, les entreprises incitent leurs salariés à revenir au bureau dans l’espoir de retrouver une dynamique d’innovation et de collaboration, tout en conservant une approche flexible sur les modes de travail.

Selon Rémi Calvayrac, Directeur Workplace and Design chez JLL, « L’instauration du télétravail a été une vraie réussite. Pour autant, 87% des salariés expriment le souhait de revenir sur site et près de 80% de nos clients sont prêts à adopter le travail hybride. La situation ne cesse d’évoluer et nous restons présents aux côtés de nos clients afin de les aider à définir le modèle le plus adapté à leur culture et à leurs besoins métiers. »

Les approches en matière de travail hybride varient énormément d’une entreprise à l’autre à travers le monde. Chez Ford Motor Company, le mois de juillet sera celui de la transition, et les salariés pourront ainsi alterner entre travail concentré à leur domicile et travail en mode projet au bureau. Quant à l’entreprise Bloomberg, elle a demandé à ses salariés de revenir sur site dès qu’ils seront vaccinés.


Retour au bureau, la flambée des attentes

Malgré le manque des collègues, qui nourrit l’envie générale de retourner travailler sur site, les salariés se montrent de plus en plus critiques et exigeants à l’égard de leurs lieux de travail. Si 60% se disaient satisfaits de leur bureau en avril 2020, ils sont seulement 48% à partager cet avis aujourd’hui – en ligne avec la moyenne globale. De la même façon, seuls 36% déclarent que le bureau leur manque contre 46% il y a un an, alors que, plus que jamais, ils regrettent les interactions en face à face. C’est le paradoxe du home-office de longue durée.

« L’expérience du retour au bureau sera décisive : les employeurs vont devoir proposer des espaces et et des services d’exception s’ils veulent retenir leurs collaborateurs. Les conclusions de notre étude sont limpides : ce qui nourrit la nostalgie du bureau, ce n’est pas tant la fatigue du télétravail, mais c’est avant tout le fait de bénéficier d’un bureau hors pair. 69% des salariés très satisfaits de leur environnement de travail habituel ont la « nostalgie du bureau », alors qu'ils ne sont que 5% parmi les non satisfaits ! » détaille Flore Pradère.

Afin de faciliter le retour sur site, de nombreuses entreprises remettent en question leur offre d’espace traditionnelle et réfléchissent déjà à déployer des espaces de travail plus adaptés aux différents besoins de leurs salariés : socialisation, collaboration, concentration, créativité, formation, développement personnel, etc. Le bureau post-pandémie devra mieux servir la palette des nouvelles attentes. La proximité à la nature, la proposition d’une offre de bien-être et de santé enrichie, seront également des piliers fondamentaux de cette expérience de travail réinventée.