COVID-19 : Le Hub & Club, modèle d’avenir pour nos bureaux
Qui aurait cru, début 2020, qu’à la fin de l’année le home-office se serait totalement démocratisé ? Cette adoption inattendue a été acclamée : les salariés ont béni la nouvelle souplesse qui leur était accordée ainsi que l’abolition de leurs trajets pendulaires. Conscients de l’engouement général, les employeurs souhaitent offrir un ancrage plus local à leurs collaborateurs. Ils étudient des alternatives aux grands sièges sociaux et le « Hub & Club » apparait comme une solution pertinente. Ce modèle consiste à distribuer les bureaux avec un siège cœur - le « Club », et des satellites - les « Hubs », plus proches des lieux de vie des salariés.
« Au cours des derniers mois, des entreprises de toute taille se sont intéressées au concept du Hub & Club, déclare Rémi Calvayrac, Directeur Workplace and Design chez JLL. Loin d’être nouveau, ce modèle prolonge les tendances du télétravail et du coworking qui se profilaient déjà ces dernières années. »
En avril dernier, Jes Staley, PDG de la banque Barclays, déclarait : « Notre stratégie de localisation devra s’adapter sur le long terme... L’idée de faire travailler 7 000 personnes dans un même bâtiment appartient probablement déjà au passé. »
Un espace adapté à chaque tâche
Le Hub & Club avec le déploiement de « bureaux satellites », permet d’offrir aux salariés un cran de flexibilité supplémentaire, en leur proposant une alternative à l’arbitrage habituel entre domicile et siège social.
« Le Club est l’espace amiral par excellence, faisait la promotion de la marque employeur. Hyper central, il accueille les grandes messes internes et la co-construction avec les clients, en offrant un cadre d’exception », étaye Flore Pradère, Directrice Recherche Entreprises. Il ne compte que peu de postes de travail individuels, laissant la part belle aux espaces collectifs et informels qui soutiennent l’apprentissage, la sérendipité, le mode projet et la socialisation. Quant aux « Hubs », ils offrent aux salariés l’opportunité de travailler dans un cadre professionnel et propice à la socialisation, tout en restant proches de chez eux. Situés à l’extérieur des principaux quartiers d’affaires, les collaborateurs peuvent y réserver une variété d’espaces : lieux de concentration, salle de visio-conférence, bibliothèque… Et accéder à de nombreux services tels que des salles de réunion ou des espaces de détente.
« Les Hubs ne sont pas des bureaux de second plan », souligne Rémi Calvayrac. « Les Hubs et le Club sont complémentaires : ils offrent des espaces différents et variés, tout en soutenant l’équilibre vie privée/vie professionnelle. »
A la recherche d’un équilibre
A court terme, la distribution des salariés sur plusieurs sites peut soutenir les mesures de distanciation sociale, limiter le nombre de contacts et permettre à certains sites de rester ouverts si d’autres ferment pour une désinfection en profondeur. À plus long terme, les entreprises pourraient exploiter un plus grand vivier de talents car les lieux d’habitation des collaborateurs pourraient être plus dispersés sur le territoire à compter du moment où ils vivent à proximité d’un hub.
« Si les salariés aiment aller au bureau pour maintenir le lien social, la localisation géographique reste au cœur des attentions. » ajoute Camille Rinieri, consultante Recherche Entreprises chez JLL. « Les périodes de confinements ont fait la démonstration qu’il était possible de bénéficier d’un meilleur équilibre des temps de vie. Plus que jamais, les gens veulent travailler dans des entreprises qui se distinguent en offrant une vraie flexibilité et en créant une expérience de travail inspirante et engageante ».
Bien qu’attrayante sur le papier, la mise en œuvre d’un modèle Hub & Club peut s’avérer périlleuse. De plus en plus de travailleurs ont envie d’aller se mettre au vert, de vivre dans des zones géographiques plus préservées et souvent moins bien desservies par les transports. « Les entreprises implantées dans des grandes capitales comme Paris ou Londres devront examiner avec attention le bon emplacement pour leurs Hubs », explique Flore Pradère. « Le scénario idéal combine un « Club » bien situé près d’une grande gare multimodale, associé à plusieurs petits sites qui offrent des possibilités de marquer des arrêts plus tôt sur le trajet. »
Le modèle Hub & Club n’en est peut-être qu’à ses débuts mais il gagnera en importance, selon Rémi Calvayrac, car « les entreprises réévalueront leurs besoins en espaces et continueront de se concentrer sur la création d’environnements de travail attractifs et collaboratifs, adaptés aux nouvelles attentes des collaborateurs ».