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Immobilier : en route vers le développement durable

Développement durable : avec les préoccupations grandissantes autour de l’impact carbone, une vague de changements s'apprête à déferler sur le secteur immobilier.

11 octobre 2021

Il aura suffi de 18 mois pour que le secteur immobilier change radicalement de posture face au développement durable.

Selon une étude JLL récente, 93% des investisseurs du secteur immobilier, à l’échelle internationale, estiment que la pandémie a fait office de révélateur, rendant impératif le besoin pour l’immobilier de mieux répondre aux critères ESG. Pour 83% des occupants des immeubles, l’impact environnemental de l’immobilier tertiaire est désormais au cœur des préoccupations des conseils d'administration.

Cette prise de conscience à elle seule ne suffira pas, puisque l'on sait que le secteur immobilier représente près de 40% du total des émissions de CO2.

Pour conduire son étude "Vers un immobilier bas carbone", JLL a interrogé près d'un millier de hauts dirigeants dans une vingtaine de pays. Selon eux, le secteur devrait connaître de grands bouleversements d'ici 2025. La tendance actuelle ne laisse plus de place au doute, l'immobilier doit se mettre au vert.

Voici cinq axes de changement selon ces experts de l'immobilier.

1. Réduction de l'empreinte carbone : au cœur des stratégies de l’immobilier de bureau

Réduire les émissions de CO2, voilà une chose qui paraît plus facile à dire qu'à faire. Selon le rapport de JLL, 56 % des interrogés affirment que leur stratégie immobilière comprend des mesures relatives à la réduction des émissions de CO2.

En 2025, ils seront 85% à l'avoir intégré au sein de leur stratégie immobilière.

« Les dirigeants savent très bien que la réduction de l'empreinte carbone n'est plus une option », déclare Walid Goudiard, Directeur du Département Conseil et AMO chez JLL. « Ce phénomène a pris une ampleur considérable ces deux dernières années. Les entreprises qui sont à la traîne doivent agir vite, sous peine d'être dépassées par les évènements et mises à l'écart

Parmi les stratégies utilisées par les entreprises, on peut citer le suivi de la consommation énergétique dans les bâtiments et les portefeuilles ou le reporting régulier des données pour mesurer, suivre le progrès, et adapter la feuille de route ou les équipements en conséquence. Certaines entreprises n'hésitent pas à dédier un budget spécifique aux projets de réduction des émissions carbone.

2. Généralisation des initiatives de neutralité carbone

De l'avis général, l'engagement des entreprises dans les initiatives de neutralité carbone sont perçues comme indispensables à l’attente des objectifs mondiaux de lutte contre le changement climatique .

À l'heure actuelle, 28 % des personnes interrogées affirment que leur entreprise a établi un "véritable" objectif de neutralité carbone. Chez les moins bons élèves, 38% estiment que ces mesures seront prises d'ici 2025.

Mais l’éventail des moyens mis en œuvre pour parvenir à ces objectifs est grand : alors que certaines entreprises se basent sur la compensation de leurs émissions, d'autres choisissent des objectifs scientifiques (Science Based Targets), soumis à des critères bien plus stricts. Elles sont 39% à avoir déjà sauté le pas et 30% supplémentaires le feront probablement d'ici 2025.

« La neutralité carbone est au cœur de la solution », affirme Joy Follet, Consultante Recherche et Innovation chez JLL. « De nombreuses entreprises ont fixé des objectifs d'ici 2030 et à plus long terme, mais la majeure partie d'entre elles ne savent pas encore comment procéder, ni comment elles mesureront leurs progrès. » 

3. Prise en compte de la performance des bâtiments

Les systèmes de notation standardisés (label LEED, initiative NABERS) pour évaluer la performance des bâtiments ont connu un véritable succès ces dernières années.

Aujourd'hui, les investisseurs ont conscience des retombées financières associées à l’adoption de ces labels, puisque les bâtiments certifiés assurent des loyers plus élévés. Ces bâtiments ont amélioré la satisfaction de leurs collaborateurs grâce à des environnements de travail durables et favorisant le bien-être.

On constate ainsi que 45% entreprises utilisatrices sondées donnent la priorité à des bâtiments plus « verts ». Ce chiffre pourrait atteindre 85% en 2025.

4. Focus sur la modernisation et le réaménagement

Intégrer des matériaux et des technologies durables dans les nouveaux bâtiments reste relativement aisé. En revanche, la rénovation des infrastructures existantes constitue un défi d’ampleur, qui permettra aux villes et aux investisseurs de respecter leurs engagements en matière de développement durable.

Les entreprises sont conscientes de ce qui les attend, puisque 73 % des décideurs interrogés ont pour projet de moderniser leurs actifs afin de respecter les objectifs de neutralité carbone d'ici 2025. Ils ne sont que 34 % à le faire à l'heure actuelle.

« La modernisation des bâtiments est essentielle pour atteindre les objectifs de réduction des émissions », affirme Walid Goudiard. « Nous ne pouvons pas ignorer le problème. Nous devons transformer l'existant. »

Aujourd'hui, 36 % seulement des participants accordent de l'importance aux émissions de CO2 du cycle de vie complet d'un bâtiment, mais ce chiffre pourrait atteindre 71 % d'ici 2025.

5. La technologie en renfort

Le respect des objectifs de neutralité carbone est intimement lié à l'utilisation de technologies adéquates.

C'est exactement ce que l'on observe en matière d'efficacité énergétique. Au-delà des systèmes de mesure performants du chauffage et de la climatisation, c’est l’usage qui fait la différence et les capteurs ont un rôle prépondérant en permettant d'optimiser l'utilisation de l'espace dans les bâtiments intelligents.

Aujourd'hui, les entreprises se concentrent sur la réduction de la consommation d'eau (65%), de la production de déchets (61%) et sur l'utilisation de la technologie pour optimiser la performance et assurer une maintenance efficace (58 %). D’ici 2025, ce sont 90% d’entre elles qui comptent s’emparer des progrès technologiques et des innovations en matière de chauffage et d'éclairage intelligents ou encore de plateformes de suivi des performances, pour réduire leurs consommations d'énergie.

Pour Joy Follet, « La technologie joue un rôle majeur dans la transition vers la neutralité carbone et l’adoption d’une communication transparente en matière d’engagement environnemental ».