Verdissement des villes : retenir les populations et répondre aux enjeux climatiques
Les records de chaleurs de l’été 2022 ont permis de rappeler les enjeux économiques, sociaux et environnementaux du réchauffement climatique
La vague de chaleur qui a frappé l'Europe cet été a mis en évidence les conséquences concrètes du réchauffement climatique dans les espaces urbains. Les citoyens, les entreprises, les investisseurs institutionnels comme les acteurs de la ville ont pris conscience de la nécessité d’accélérer les transformations à travers la mise en place de plans concrets de lutte contre le réchauffement climatique, et de développer des solutions pour faire face aux chaleurs extrêmes. Dans cette perspective, des travaux de recherche - comme ceux menés par Lucille Alonso, Docteure en géographie et aménagement des territoires spécialiste de la climatologie urbaine - ont démontré que les villes pouvaient créer des phénomènes d’îlots de chaleur qui les rendent insupportables en période de canicule, notamment pour les populations fragiles, mais qu’il existe des solutions afin de réduire localement les températures. Parmi celles-ci figurent la création et/ou le renforcement des espaces verts. Selon Lucille Alonso, l’ombrage créé par la végétation haute et moyenne apporte de l’humidité et rafraîchit via l'évapotranspiration des arbres. Ils permettent de réduire les températures et améliorent le ressenti des populations, surtout pendant les mois d'été et les fortes chaleurs. La végétation contribue également à purifier l'air de la ville, à absorber des eaux pluviales et participe plus généralement à la lutte contre le réchauffement climatique.
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Le verdissement, un enjeu social et de performance ?
Les températures extrêmes mettent à l’épreuve les organismes et influent sur les niveaux d’activité et de productivité. Les enjeux autour du verdissement sont donc considérables pour les villes et les entreprises. Ils concernent particulièrement la gestion des ressources humaines et des bureaux : Comment créer un espace de travail agréable dans lequel les collaborateurs prennent plaisir à évoluer tout au long de l’année ? Cette dimension est d’autant plus importante que les économies occidentales sortent de plusieurs années de crise sanitaire, lors desquelles le télétravail a pris son essor. Les entreprises cherchent maintenant à convaincre leurs collaborateurs de l’intérêt du retour sur site afin de favoriser l’innovation, la collaboration et la création de lien social. « Les espaces verts et la végétalisation des bureaux participent à l’attractivité du travail sur site, en améliorant le bien-être. Ils contribuent à la créativité et à la performance du collectif. », explique Benoît Delattre, Directeur Strategic Consulting chez JLL.
Plus généralement, les entreprises se concentrent sur la définition et la mise en place de leur stratégie ESG (critères Environnementaux, Sociaux et de Gouvernance), en plus de l’atteinte de leurs objectifs financiers et économiques, notamment afin d’attirer les nouvelles générations de talents particulièrement sensibles au développement durable.
Il s’agit aussi pour les entreprises de se mettre en conformité avec des réglementations environnementales de plus en plus nombreuses. « Les institutions européennes à travers des textes réglementaires comme la Taxonomie verte veulent flécher les financements vers les activités les moins polluantes. En matière d’immobilier, cela devrait se traduire par des flux d’investissement plus nombreux vers les immeubles répondant aux dernières normes environnementales, qui mettent l’accent sur la réduction des émissions de gaz à effet de serre et sur les économies d’énergie, mais aussi sur la protection de la biodiversité... ou qui entament une transition plus vertueuse. Le rôle de l’immobilier en la matière est considérable, puisque les dernières études indiquent par exemple qu’à Paris, 70% des émissions de gaz à effet de serre sont liées au parc immobilier. », explique Virginie Houzé, Directrice Etudes et Recherche chez JLL. Les chantiers à mener dans la Capitale sont en effet titanesques. « Il existe un écart de plus de 50% en termes de consommation énergétique entre un immeuble construit dans les années 70 et un immeuble neuf. Les besoins en matière de rénovation du parc existant sont donc très conséquents. », poursuit Virginie Houzé qui note que 90% du parc parisien de logements a plus de 30 ans !
Des villes engagées en faveur du climat
La réglementation française incite à la rénovation. Les diagnostics de performance énergétique (DPE) et sur les émissions de gaz à effet de serre sont maintenant obligatoires, la location des passoires thermiques étant abolie de façon progressive par le législateur. Dans le cadre du Décret Tertiaire, une responsabilité conjointe du bailleur et du locataire est engagée. « Les locataires doivent s’impliquer également dans l’amélioration de la performance des bâtiments en repensant leur usage. Des bâtiments performants peuvent être énergivores s’ils sont mal utilisés, par exemple, lorsque les chauffages restent allumés la nuit alors que les locaux sont vides. Il faut donc aussi changer les pratiques en matière d’exploitation des immeubles. », explique Benoît Delattre. Cette transformation des biens et des comportements doit être menée d’autant plus rapidement que de nombreuses villes ont pris dans des engagements ambitieux en matière de réduction des émissions de gaz à effet de serre. « L’Europe s’est engagée à devenir neutre en carbone en 2050, mais plusieurs grandes villes européennes veulent aller plus vite. Copenhague par exemple vise une neutralité carbone dès 2025 et Londres en 2030, la plupart des métropoles européennes devrait atteindre la neutralité carbone entre 2030 et 2045. », relève Virginie Houzé.
Ces objectifs ambitieux passent aussi par un verdissement de l’immobilier d’entreprise et cela à travers différentes solutions : « Insertion d’espaces verts au pied des immeubles ou dans les cours, sur les terrasses, les toits, dans la verticalité pour les nouveaux immeubles et même au sein des locaux. Les méthodes pour végétaliser les bureaux et plus généralement les espaces de travail sont multiples et peuvent permettre d’impliquer l’ensemble des équipes. L’installation d’un potager urbain par exemple, au-delà du verdissement obtenu, permet aussi de créer du lien entre les équipes. », commente Benoît Delattre. Mais il existe d’autres leviers à activer en parallèle pour parvenir à réduire la facture énergétique et les émissions de gaz à effet de serre. La couleur des bâtiments, les matériaux utilisés, l’adjonction de points d’eau… peuvent jouer un rôle dans l’abaissement des températures et améliorer la résilience face aux chaleurs extrêmes. Les usagers ont également un rôle majeur à jouer. « La consommation énergétique ne dépend pas que des bâtiments, mais aussi de leurs usages. L’augmentation actuelle des prix de l’énergie et les campagnes de communication en faveur de la sobriété mettent l’accent sur la nécessité d’adapter les comportements.», explique Virginie Houzé.
Des freins qui restent importants
Enfin, l’un des leviers, certainement le plus difficile à actionner, réside dans l’accès au logement et à la propriété. « Il est nécessaire de réduire les temps de transport notamment pour les populations dont l’activité ne permet pas de télétravailler et cela passe par une densification des villes. Cependant, cette densification entraîne une hausse des prix de l’immobilier, l’exemple de Paris et de la première couronne, où les prix sont devenus prohibitifs pour certaines catégories de la population, est dans ce cadre emblématique. Cette hausse des prix pousse une partie de la population à s’éloigner des centres-villes et donc à augmenter son empreinte carbone, sauf à utiliser les transports en commun, mais encore faut-il qu’il existe une bonne connectivité avec les réseaux. », commente Benoît Delattre. Par ailleurs, malgré les engagements pris par de nombreuses métropoles européennes, la majorité des villes ne disposent pas toujours de plan clair à moyen/long terme pour faciliter la mobilité douce et sont limitées par des règles obsolètes en matière d'urbanisme. Elles se doivent d’être plus créatives, repensant les frontières entre les différentes zones urbaines, afin de donner vie à des lieux responsables où les populations puissent à la fois travailler, vivre, apprendre et se divertir et faire de la « ville du quart d’heure » une réalité.
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