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Les entreprises en quête du bâtiment sain

02 mars 2021

Le bien-être des salariés est devenu un enjeu majeur pour les entreprises depuis la crise du COVID, ce qui explique l’arrivée de nouvelles certifications sur les marchés immobiliers tenant compte de cet impératif.

Le bien-être des collaborateurs se hisse peu à peu parmi les grandes priorités des entreprises, avec pour résultat une hausse des demandes d’évaluation de l’état de santé des bâtiments.

Singapour, l’Australie et l’Inde ont d’ailleurs créé leurs certifications officielles, environ six ans après l’arrivée des labels WELL Building Standard et de Fitwel aux États-Unis.

Depuis quelques années, les mesures prises pour favoriser la santé des salariés agissent comme des leviers pour attirer les meilleurs talents dans les entreprises. Et le phénomène s’est accéléré depuis le début de la pandémie.

« La pandémie a changé la donne en ce qui concerne le bien-être, la santé et l’hygiène dans les bâtiments. On devrait ainsi assister à une hausse considérable des demandes de certifications dans les programmes immobiliers nationaux et internationaux », déclare David Barnett, Directeur Recherche Corporate chez JLL.

L’intérêt de ces certifications est de démontrer l’application de normes sanitaires savamment étudiées sur la qualité de l’air, l’accès à la lumière naturelle ou bien la mise à disposition d’espaces pour se ressourcer et faire un peu d’exercice. Les certifications axées sur durabilité des bâtiments, également très populaires, sont leur pendant environnemental.

Parmi les nouveaux programmes de certification apparus ces trois dernières années, on peut citer : la notation IAQ (qualité de l’air intérieur) de NABERS en Australie, la certification Green Mark for Healthier Workplaces du BCA-HPB (Building and Construction Authority-Health Promotion Board) à Singapour, et l’évaluation Health and Wellbeing de l’IGBC (Indian Green Building Council) en Inde.

Pour David Barnett, « L’ampleur de la pandémie poussera les entreprises à obtenir des certifications pour respecter les attentes de leurs salariés qui souhaitent travailler dans un environnement sain ».

La visibilité avant tout

Dans le secteur de l’immobilier d’entreprise, la certification WELL Building est devenue la référence internationale pour la mise en œuvre, la validation et l’évaluation des critères liés au bien-être. Ceux-ci incluent notamment les matériaux de construction, les systèmes CVC et de filtration de l’air ou les infrastructures dédiées aux occupants.

Les demandes de certification sont en hausse. Selon le rapport 2019 de l’International WELL Building Institute, 82 projets ont été certifiés en 2018, soit une hausse de 78 % du nombre de certifications et une augmentation de 203 % de la surface certifiée par rapport à l’année précédente.

Les données recueillies ont par ailleurs permis davantage de transparence, élément essentiel à la prise de décision des investisseurs selon David Barnett, Directeur Recherche Corporate chez JLL qui a participé à l’élaboration de l’indice mondial de transparence de JLL.

 « Les propriétaires et les locataires ont besoin de transparence pour prendre les décisions qui généreront de la valeur et amélioreront la sécurité, à la fois pour leur activité et pour leurs salariés, mais également pour stimuler l’engagement et la productivité, deux choses mises à mal en ce moment ».

 

Miser sur les infrastructures dédiées aux locataires

Une chose est sûre aujourd’hui, la composante bien-être est cruciale pour attirer les locataires comme les salariés. Selon une étude Future Workplace and View de 2019, pour plus d’un tiers des salariés, les facteurs physiques et environnementaux sont à l’origine d’une perte quotidienne d’au moins une heure de travail.

Puisque la santé et la durabilité sont désormais au cœur de la problématique immobilière, les bailleurs ont décidé de prendre les devants.

L’année dernière, l’entreprise australienne Charter Hall a converti 1 000 mètres carrés de bureaux premium en espace dédié au bien-être. Le hall de cet immeuble de Sydney accueillera désormais des cours de yoga gratuits, un auditorium, un atelier d’art et un café.

Les attentes et les exigences des salariés ont évolué et dans une démarche durable de santé au travail, et pour y répondre les entreprises multiplient leurs mesures d’hygiène, adoptent des technologies sans contact et veillent à la qualité de l’air.

 « Porté par cette vague de nouvelles certifications sanitaires, le marché de l’immobilier commercial se recentre définitivement sur la santé physique et mentale des individus. Tout comme les critères écologiques, les critères de santé deviendront un atout indispensable pour les bâtiments qui souhaitent rester dans la course », ajoute David Barnett.