Neutralité carbone – il est temps de passer à l’action
La neutralité carbone est un sujet de plus en plus prégnant dans les conversations portant sur l’avenir de l’immobilier. Sonal Jain, Directrice UK Sustainability for Net Zero, JLL, revient sur cet objectif et répond aux trois questions que se posent les entreprises tournées vers cette démarche pour leur portefeuille immobilier.
1. Pourquoi les entreprises occupantes s’intéressent-elles de plus en plus à la neutralité carbone ?
Une pression croissante est exercée sur les entreprises. Elle provient de toutes parts : nouvelles réglementations, investisseurs, employés, clients et aussi du marché lui-même, où plus de 1 000 entreprises se sont engagées sur la base d’objectifs scientifiquement fondés. Nous atteignons peu à peu un point critique : tout le monde doit respecter la neutralité carbone à l’horizon 2050 pour limiter le réchauffement climatique à 1,5 °C. Les entreprises qui neutralisent leur empreinte carbone doivent réduire leurs émissions en termes d’immobilier et de voyages. Ces émissions représentent près de 90 % de leur empreinte carbone totale. La transition de leur portefeuille immobilier vers des bâtiments à faible teneur en carbone ou à zéro émission de carbone est donc essentielle.
2. Les entreprises rendent-elles vraiment compte des émissions provenant de leur immobilier ?
La plupart des occupants sont bien conscients des émissions provenant du chauffage, de la climatisation, de la ventilation et de l’utilisation des équipements sur leur lieu de travail. Beaucoup investissent aujourd’hui dans des solutions efficaces d’un point de vue énergétique, et la visibilité des données sur les émissions opérationnelles est souvent meilleure. Le sujet qui est moins bien compris est celui du carbone associé aux activités d’aménagement et d’entretien de l’espace de travail – essentiellement les émissions de carbone résultant de la fabrication, du transport, de l’assemblage et de la gestion de fin de cycle de tous les produits utilisés dans le cadre des aménagements. Il est d’autant plus présent lors du remplacement des produits comme les dalles de moquette, les meubles ou l’éclairage. La sensibilisation à ces émissions de carbone indirectes gagne toutefois en importance. Les entreprises progressistes recherchent des solutions durables et circulaires qui permettent de réduire ces émissions indirectes. Les bureaux de JLL à Manchester, par exemple, adoptent les principes de l’économie circulaire en utilisant des chaises rénovées ou des plans de travail composés de pots de yaourt recyclés pour un aménagement à faible teneur en carbone.
3. Quels enseignements les entreprises peuvent-elles tirer des initiatives menées jusqu’à ce jour ?
Tout d’abord, investir dans le développement durable est porteur de sens pour les entreprises ; décarboniser leur portefeuille leur permet aussi de réaliser des économies et il existe différentes solutions à faible coût, voire sans coût. Sur de nombreux marchés européens, l’électricité renouvelable est sur un pied d’égalité avec les combustibles fossiles. Ensuite, les entreprises doivent avoir une visibilité sur leur empreinte carbone – quels sont les sujets problématiques et quelles sont les opportunités de changement ? Enfin, il ne suffit pas de créer une stratégie de neutralité carbone, il faut aussi la mettre en œuvre. Les entreprises doivent prendre en compte l’ensemble du cycle immobilier, des acquisitions aux renouvellements de baux, en passant par la gestion des aménagements, des rénovations et des installations, pour mettre en place des solutions de réduction des émissions de carbone.