Paris passe au vert

24 mai 2016

​Paris, le 24 mai 2016 - A l’heure où la France accueillait en décembre dernier la COP 21, les questions du réchauffement climatique et de la lutte contre les émissions de gaz à effet de serre sont prépondérantes pour nos sociétés. Des sociétés de plus en plus urbaines : plus de la moitié de la population mondiale vit aujourd’hui dans des zones urbaines selon l’ONU, à horizon 2050 ce serait les deux tiers. L’effet combiné de l’urbanisation croissante et de la croissance de la population contribuerait à une augmentation de 2,5 milliards de personnes supplémentaires dans les villes.

Les villes continuent de croître et laissent davantage place aux surfaces minérales – béton, asphalte – occasionnant un réchauffement de l’air et créant ainsi un sentiment d’étouffement et de malaise en ville, souvent couplé aux problèmes de pollution atmosphérique. Face à ces phénomènes de surchauffe et de qualité de l’air, dont la prise en compte est récente dans les politiques urbaines, les villes doivent réagir et s’adapter. On voit émerger plusieurs initiatives, en France ou ailleurs, pour bâtir des villes durables : centres-villes piétonniers, véhicules partagés, priorité au vélo et aux circulations douces, piétonisation des voies sur berges, essor des éco-quartiers, développement de l’économie circulaire et valorisation des espaces naturels.

« En effet, la réintroduction de la végétation apparaît comme un des leviers pour agir sur ces îlots de chaleur urbains. Cette question prend d’autant plus sens que la capitale est l’une des villes les plus denses au monde avec peu d’espaces verts en son centre » souligne Sophie Rozen, Responsable Client Research chez JLL. 

Paris l’a bien compris et a pris un virage « vert » à l’image des projets lauréats de l’Appel à Projets Innovants de la Ville de Paris prônant l’exemplarité en matière environnementale et sociale comme le projet « Mille Arbres » avec son village flottant au cœur d’une forêt (Bd Pershing, Paris 17ème), « Ilôt fertile » avec son quartier zéro carbone (Triangle Eole-Evangile, Paris 19ème) ou encore « Réalimenter Masséna » (Gare Masséna, Paris 13ème) avec sa tour de Babel en bois et sa ferme urbaine sur le toit.

Après les 22 nuances de vert de « Réinventer Paris », la Ville de Paris a lancé début 2016 l'appel à projets les « Parisculteurs » : 47 sites publics et privés – toits, murs, terrasses, parkings, etc. – mis à disposition pour développer des projets innovants de végétalisation ou d’agriculture urbaine. L’objectif : végétaliser 100 hectares de bâti d’ici 2020 dans la capitale ; cette initiative devant être le catalyseur pour que d’autres opérateurs s’engagent sur cette voie.

Quels impacts pour la ville de demain et ses usagers ? Comment ce retour à la nature se traduit-il dans les immeubles et les entreprises ?
La végétation en milieu urbain concourt à l’amélioration de l’environnement et du cadre de vie des habitants grâce d’une part à un meilleur confort thermique et acoustique des bâtiments (rafraichissement local et isolation des façades), et d’autre part à une meilleure qualité de l’air (absorption du CO2). « Notons d’ailleurs qu’aujourd’hui, la qualité de vie et la pollution de l’air sont des critères de plus en plus regardés par les grandes multinationales dans leur choix d’implantation et dans le cadre de leur politique RSE » ajoute Sophie Rozen.

Ces indicateurs participent donc à l’attractivité territoriale de la région-capitale qui doit faire face à la concurrence accrue des autres métropoles mondiales.
La végétalisation permet aussi de réduire les dépenses d’énergie (chauffage en hiver/climatisation en été) et de lutter contre ces phénomènes de surchauffe. Elle contribue à une meilleure gestion des eaux de pluie et est un élément vecteur de biodiversité dans les zones urbaines. La végétalisation participe ainsi à la performance énergétique des immeubles et à la durabilité des territoires.
Elle joue également un rôle social. Le verdissement des immeubles, qui peut prendre des formes très variées allant des toitures et murs végétalisés aux jardins partagés et cultures urbaines, favorise le bien-être et améliore les conditions de vie en ville. Des études montrent aussi les impacts positifs sur la santé, la productivité et l’absentéisme au bureau. Cette particularité représente donc une « valeur immatérielle » pour les occupants de ces immeubles.

Cette dimension sociale est croissante et son impact que ce soit sur les citadins ou les salariés est bien réel. « La végétalisation des immeubles est un vecteur de lien social. Les zones de cultures urbaines permettent ainsi aux gens de se rencontrer, d’échanger, de transmettre leur savoir, ou encore de cultiver ensemble. L’homme devient alors un éco-acteur » explique Sophie Rozen.

D’ailleurs, dans cette lignée, un nouveau label centré sur l’individu et son bien-être au travail a été lancé en 2014 outre atlantique. Il s’agit du Well Building Standard qui traite à la fois du bâtiment, de l'exploitation, mais aussi des usages et des services. Ce référentiel se décline autour de 7 thématiques : l’air, l’eau, l’alimentation, la lumière, l’activité physique, le confort et l’esprit. L’idée étant que le bien-être est une clé de succès des entreprises et tout y contribue. Un bâtiment de qualité est source de bien-être. Le bien-être ayant un impact sur la productivité, il est donc un levier d’efficacité et de performance. En France, plusieurs projets sont déjà enregistrés, comme l’immeuble du « 55 rue d’Amsterdam » de Gecina, qui sera le premier immeuble restructuré certifié, ou encore les tours Duo (Paris 13ème) d’Ivanhoé Cambridge.