Paris montre la voie aux constructions durables

Paris cherche à intégrer davantage de constructions durables, comme des bâtiments peu gourmands en énergie mais aussi des toitures vertes, des façades végétalisées ou encore des terrasses faisant office de potagers.

09 septembre 2018

Paris s'est fixé des objectifs ambitieux. D'ici 2020, la capitale française espère réduire de 25 pourcent les émissions et consommations énergétiques, comme édicté dans son nouveau Plan Climat Energie Territorial (PCET)

Pour atteindre cette ambition, Paris cherche donc à intégrer davantage de constructions durables, comme des bâtiments peu gourmands en énergie mais aussi des toitures vertes, des façades végétalisées ou encore des terrasses faisant office de potagers.

« Il y a un vrai enjeu autour du réchauffement climatique, » note Virginie Houzé, Directeur Études & Recherche France chez JLL. « La ville de Paris en a fait un de ses projets phares et les constructions durables viennent contribuer à cet effort. D'autant plus que les populations locales, elles aussi, attendent une ville moins dure, moins minérale, avec des arbres et des plantes. » 

Dans cette optique-là, la mairie de Paris a signé en 2016 « Objectif 100 hectares » avec 33 acteurs privés, publics et parapublics dans le but de végétaliser le bâti parisien et de développer des projets d'agriculture urbaine. 

En juin 2017, la municipalité créé la plateforme « Végétalisons Paris » afin de fédérer tous les acteurs parisiens pour développer de nouveaux espaces de nature en ville. Le projet prévoit notamment 100 hectares de végétalisation sur les murs et toits d'ici 2020.

 

Labels environnementaux

Mais le simple fait de végétaliser des façades ne rend pas une construction durable. Ainsi, plusieurs labels comme Habitat et Environnement en France ou BREEAM au Royaume-Uni ont vu le jour afin d'évaluer la qualité environnementale du bâti. 

« Tout le monde a intégré le fait que les nouvelles constructions se devaient de répondre à des besoins écologiques et même si ces certifications ne sont pas obligatoires, personne à l'heure actuelle ne songerait à développer un projet immobilier sans label, » explique Virginie Houzé. « En réalité, les promoteurs immobiliers ont même tendance à chercher plusieurs certifications, ce qui va leur permettre de parler à des investisseurs français mais aussi étrangers. »

Un problème se pose néanmoins. Alors qu'il est relativement aisé de développer de nouveaux projets immobiliers en conformité avec les certifications environnementales, il reste plus difficile d'adapter le bâti existant aux normes actuelles. Or, l'essentiel du parc immobilier parisien – à l'image du parc français - est ancien, et convaincre les propriétaires d'effectuer les travaux nécessaires constitue souvent un obstacle de taille.

« Les personnes ayant fait l'acquisition d'un appartement ou d'une maison il y a plusieurs années, ne comprennent pas pourquoi elles devraient être obligées de dépenser des dizaines de milliers d'euros pour se mettre en conformité avec les règles environnementales actuelles, et souvent ne peuvent pas faire cet investissement » insiste Virginie Houzé. « Le défi majeur est donc d'aider les propriétaires à adopter les nouvelles normes progressivement. »

Pour ce faire, plusieurs leviers fiscaux ont été créés pour les propriétaires de logements particuliers. Ainsi, en avril, le gouvernement a détaillé son plan pour la rénovation énergétique dans le projet de loi de finances 2018. Le plan vise à rénover 250 000 logements particuliers par an grâce à des mécanismes existants tels que le crédit d'impôt, l'Eco-prêt à taux zéro ou encore les certificats d'économie d'énergie.

Quant à l'immobilier professionnel, les incitations sont autres et elles proviennent directement des locataires. 

« Beaucoup d'entreprises ont aujourd'hui des normes RSE - Responsabilité Sociale et Environnementale - ce qui signifie qu'il y a un positionnement de leur part sur les sujets de consommations énergétiques limitées et de développement durable, » note Virginie Houzé. « Ces entreprises-là sont à la recherche de locaux en phase avec leur politique environnementale et les investisseurs ont donc intérêt à rénover leur parc immobilier pour répondre à leurs besoins. »

Amener les propriétaires de logements ou bureaux à intégrer les normes environnementales prendra néanmoins du temps, selon elle. En attendant, les pouvoirs publics continueront à faire la part belle aux constructions nouvelles. 

 

Des normes strictes

Mais là encore, un défi doit être relevé. Avec des prescriptions administratives particulièrement strictes en matière de préservation du bâti au cœur de la capitale, implanter des constructions d'un genre nouveau reste difficile. 

« Il y a des règles autour de ce à quoi le bâtiment doit ressembler, » concède Virginie Houzé. « Cela définit la taille du bâtiment, des fenêtres, etc. Donc s'il est vrai que nous voyons des projets durables de plus en plus innovants, il va se passer du temps avant qu'ils trouvent leur place dans la capitale. »

De fait, les premiers signes de changements se font sentir en priorité sur la couronne parisienne. L'appel à projets « Inventons la Métropole du Grand Paris » vient ainsi de récompenser un projet de village vertical qui sera entièrement construit en bois et qui servira de nouvelle entrée pour la ville de Rosny-sous-Bois.

 

Une image positive

En attendant, les constructions durables amèneront Paris à asseoir sa position de ville pionnière dans le domaine de l'écologie. D'autant plus qu'en tant que ville organisatrice des accords internationaux sur le climat, dits 'accords de Paris', la capitale française se doit de montrer l'exemple. 

« Nous nous sommes positionnés sur un accord extrêmement ambitieux où nous avons convaincu le plus grand nombre de pays de nous suivre, » précise Virginie Houzé. « Mais, au-delà de ça, ces projets apportent également l'image positive d'une ville qui est capable de se renouveler. »

Alors, à défaut de réduire à elles-seules les émissions et consommations énergétiques dans la capitale française, les constructions durables auront au moins le mérite de montrer la voie en matière de développement durable.