Le travail liquide annonce la mort du bureau traditionnel

19 avril 2017

Lorsque l'on interroge les Français sur l’avenir du bureau, 59% prophétisent la fin du bureau attitré. Et ils sont déjà 42% à se laisser séduire par l’idée que nous serons en 2030 tous nomades et que ce sera la fin du bureau comme lieu de travail principal.

La dernière étude de JLL, en s’appuyant sur une enquête menée auprès de 1009 actifs*, révèle que, face à un environnement économique de plus en plus « disrupté », les Français aspirent davantage au changement que ce que l’on tend à penser. La publication témoigne d'une véritable révolution dans le rapport au travail. Et elle questionne les employeurs sur le « package » qu'ils pourront demain proposer à leurs collaborateurs, au-delà du contrat de travail. Bien sûr, elle les interpelle sur la flexibilité de ce contrat - 53% des Français prophétisent la fin du CDI, et 1 sur 4 la fin du salariat. Plus fondamentalement encore, elle pose la question de l’expérience de travail que les employeurs pourront demain proposer, invitant à une profonde refonte du creuset de cette expérience : nos bureaux.

Aux yeux des Français, le bureau tel que nous le connaissions est obsolète

58% d’entre eux considèrent que, demain, la fonction première du bureau sera de favoriser le travail collaboratif. 53% y voient un lieu d’échange et de partage. Leur mission ne sera donc plus la production. Ils deviendront des boosters de co-création et d'innovation. Ils déploieront entre leurs murs leurs propres espaces de coworking et d’incubation, offrant aux entreprises un accès inédit à un pool de talents et de créativité sans cesse renouvelé, et favorisant la montée en puissance des « intrapreneurs ». Leurs buildings et leur design se feront smart, se muant en puissant outils de performance – énergétique bien sûr, mais également opérationnelle et sociale.

La fin d’une trilogie : sédentarité, salariat, hiérarchie

Comment en est-on arrivés là ? Ce bureau d’un nouveau genre est en fait une réponse à des tendances de société plus profondes, sur lesquelles nous revenons dans notre étude. Lorsqu’on leur parle de travail à la tâche, d’intelligence artificielle et de flexibilité, 70% des Français sont déjà convaincus : ces transformations impacteront leurs métiers.

Mais leur posture par rapport à ces changements est tout sauf uniforme. Face aux salariés « traditionnels », une nouvelle typologie de travailleurs s’affirme. Ces « ambassadeurs du changement » réunissent d’ores et déjà 40% des actifs. « Parmi eux, 1 sur 4, soit 10% de la population française, sont des « alternactifs »: à l’affût de nouveaux modèles d’organisation, ils ont déjà fait le choix de l’entrepreneuriat, ou cumulent un emploi salarié avec une activité indépendante. » précise Flore Pradère, Responsable de la Recherche Entreprise chez JLL. Et cette population est amenée à grandir : 41% des Français se disent aujourd’hui séduits par l’idée, à l’avenir, d’une alternance entre emploi salarié et entreprenariat. Face à cette force de travail de plus en plus flexible et exigeante, les bureaux seront-ils toujours le meilleur écrin pour attirer ces nouveaux talents ?

 

En proie à ces mutations sociétales, les repères traditionnels du travail tombent : salariat, managers, sédentarité, bureaux statutaires… Les Français sont conscients que l'entreprise de demain n’aura plus du tout la même physionomie. Elle s’appuiera sur une force de travail de plus en plus agile. En parallèle, le recours à des travailleurs indépendants, à des consultants ou à des intérimaires deviendra pratique courante. Et les tâches les plus routinières de nos journées tomberont dans le domaine de l'intelligence artificielle. Les entreprises de demain devront donc devenir plus lean et plus distribuées, permettant à leurs collaborateurs de se concentrer sur les activités les plus créatrices de valeur.

D’ici 2030, les bureaux devront se repenser en hubs et en satellites, en espaces liquides, en leviers de socialisation et de créativité, en théâtres d’expériences – uniques - à offrir aux collaborateurs au sein de lieux récompense… « Plus que tout, les entreprises devront repenser leur environnement de travail « as a service » afin de mieux résonner avec le modèle organisationnel vers lequel nous nous dirigeons : celui d’une entreprise « à la demande », dans laquelle les collaborateurs piocheront, en fonction de leurs préférences et leurs envies … » conclut Flore Pradère.